Entretien avec Vanessa Morales, championne d’ultra trail
Vous êtes une championne dans plusieurs disciplines. Pouvez-vous présenter vos activités ?
Je me considère comme une ultra montagnarde : je fais de l'ultra trail, et surtout de la course alpine et à très haute altitude. Mon objectif est d'aller chercher des records au-delà de 6000 m d'altitude. Quand je tombe amoureuse d'une montagne, j'écris un projet et je cours ! Je vais chercher des records établis, je suis rarement la première à poser un chrono même si ça m'est arrivée de le faire sur le mont Olympe (plus haute montagne de Grèce). Je suis originaire de Font-Romeu et je suis infirmière en parallèle.
Pour m'entraîner, j’ai décidé il y a quelques années que j'allais organiser des sorties sur le Kilimandjaro (sommet le plus élevé d’Afrique), car c'est une montagne sur laquelle tu peux courir jusqu'à 6000 m d'altitude. J'ai commencé par mettre en place une expédition, puis deux, trois... Et maintenant, j’ai beaucoup de demandes. J'ai créé mon entreprise : avec un guide local, on organise des expéditions. Comme je suis infirmière, je médicalise sous protocole médical mon expédition.
Que ressent-on comme émotions lorsqu’on court dans de telles conditions ?
Le dépassement de soi. A partir d’une certaine altitude, on se rend compte qu’on ne contrôle plus rien. Pour moi, c’est à partir de 5000m, voire 5300m, qu’on sent que plus rien n’est comme avant et qu'il faut juste écouter son corps. Tu es obligé de t'adapter à ce que tu ressens. La respiration est modifiée, les muscles ne sont plus oxygénés… Mais c'est ce que j'aime : ce que tu ressens là-haut, tu ne peux pas le ressentir ailleurs. La pression atmosphérique vient écraser les poumons. A un moment, on sent qu'on s'adapte, que le corps repart. C’est une sensation magique. Et quand on redescend, on se sent vivant.
Comment se passe la descente ?
C'est dur, surtout pour les jambes. Personnellement, j’ai de la chance, je suis une très bonne descendeuse, bien plus que grimpeuse. La descente, c'est la récompense. Sur 22 bornes, on perd 4295 m de dénivelé sur le « Kili ». La descente, je la fais en trois heures. En temps normal, on la fait sur deux jours.
L’entraînement doit être très dense pour ces disciplines
C'est intense : en ultra fond, on s'entraîne 7 jours sur 7. Il n'y a pas de repos, avec beaucoup de foncier, du vélo, du renforcement…. Et le week-end, on organise des sorties longues. Allez à la rigueur, comme congés, j'ai le droit au jour de l'an (rires).
Connaissez-vous un peu le tennis ?
J'ai joué quand j'étais gamine. Pas longtemps car je crois que je n'étais pas trop douée (rires). Je connais mal mais je suis contente d'être là car c'est l'occasion de découvrir le haut niveau. Je les regardais s'entraîner ce matin et je me posais des questions sur tout ce qu'il y a autour. Et je suis sûr que c’est très intense. Quand on regarde un match tranquillement, on ne s'imagine pas le quotidien d'une joueuse de tennis.