Avez-vous pratiqué un peu le tennis ?

Un peu. J'ai joué au tennis plus jeune, l'été, au Bassin d'Arcachon avec mon petit frère. Je connais les règles et aussi certaines joueuses. Je regarde souvent le tennis à la télé, notamment pendant Roland-Garros. Mais c'est la première fois que je vais voir des échanges en vrai et j’en suis très heureuse.

 

Observez-vous des similitudes entre le tennis et le parachutisme ?

Le magazine italien consacré au parachutisme s'appelle « 90% » parce qu'on dit souvent que c'est un sport à 90% mental. C’est aussi le cas du tennis ! J'ai lu récemment The Inner Game of Tennis de Timothy Gallwey qui est très intéressant, car tous les aspects de préparation mentale sont également primordiaux dans notre sport.

 

Le tennis est un des sports ayant réussi à obtenir une relative égalité entre les hommes et les femmes, notamment dans le prize-money. Quel regard portez-vous sur le développement du sport féminin ?

En tennis, il y a eu beaucoup de progrès concernant la valorisation du sport féminin et l'égalité hommes-femmes, c'est très inspirant. Je m'implique beaucoup dans le développement de la pratique féminine dans mon sport, notamment par l'organisation des records du monde féminin. Le parachutisme a cette particularité d'être mixte. J'ai été championne du monde deux fois dans une équipe où les deux autres personnes étaient des hommes. J'ai toujours trouvé ça intéressant et j'en tirais de la fierté : j'étais championne du monde de ma discipline et pas championne du monde filles de ma discipline.

Cette possibilité existe dans le parachutisme car ce n'est pas un sport physique. Il y a une condition physique à avoir bien sûr. Mais il n'y a pas de limites physiologiques en termes de puissance et de rapidité, alors que des différences biologiques justifient les séparations de sexes dans d'autres sports.

Quand j'ai commencé à m'impliquer dans l’initiative de mettre en place des records purement féminins, j'étais un peu sceptique. Je disais : « mais non justement, on est un sport qui n'a pas besoin de séparer ». Mais j'ai complètement changé mon fusil d'épaule quand j'ai constaté les conséquences positives que ça avait. Par exemple, les rassemblements grande formation, où le but est de construire la plus grande figure accrochée les uns aux autres, est une discipline créée et développée par des garçons. Et souvent dans les phases de sélection, les femmes étaient beaucoup moins choisies que les garçons.

Ce n'était pas toujours annoncé mais l'idée générale était que les femmes étaient souvent moins solides dans leurs vols, à la fois physiquement et psychologiquement. Parce que ce sont des sauts avec beaucoup de pression et que les garçons se disaient que les filles allaient se mettre à pleurer dès que quelque chose n'irait pas. C'est un peu cliché mais c'est vrai !

 

Vous avez donc souhaité modifier la façon de sélectionner ?

On a décidé d'organiser un événement uniquement féminin pour supprimer les différences, pour que les femmes puissent progresser et apprendre. Cela leur permet d’acquérir une expérience qui les rend plus fortes avant d’essayer les records mixtes.

La proportionnalité des femmes dans les records mixtes a énormément augmenté depuis le moment où on a créé ces événements féminins. C'est une forme de tremplin pour la confiance.

En plus, les méthodes de leadership développées dans cet entre soi féminin ont été conçues différemment. Je ne sais pas si on peut dire qu’elles sont empreintes de féminisme… Mais ces méthodes-là se sont avérées beaucoup plus efficaces que les méthodes traditionnelles et elles sont désormais adoptées dans des contextes mixtes. C'est très gratifiant.